24.2.13

Les Jardins de Bagatelle








Un tourbillon de mots, 
Pivotent dans un cercle rond,
Profond en signification,
En carrousel de girouette, 
Tournent dans le même sens,
S'envolent comme des mouettes, 
Souvent accompagnés,
Mais, la plupart du temps seuls,
Parfois sortent d'un gouffre,
Tantôt éthérés, aérés, 
Enchaînés par un souffle lent,
Ceux des saisons qui bercent, 
L'imagination.

Je dois apprendre à les connaître,
Ils me dévisagent des yeux,
Ils harcèlent ma virginité caractérielle,
Je me méfie des accords de liaison,
Ces unions fringales,
Qui ne se conjuguent qu'au présent,
Et laissent des traces au passé,
Leur futur est incongru,
Pis encore se traînent comme des pleutres,
S'emboîtent sur un imparfait comme des veules,
Pour survivre ou subsister,
Lacunier boiteux qui ne saurait être parfait,
Rajoutant parfois un plus-que-parfait pour péricliter, 
Le déclin d'un temps passé sous toutes ses formes,
Ne sera jamais atteint, 
Ni ressuscité tel est, 
Le destin.

Je les emploie comme bon me semble,
Ils m'avertissent en passant,
Et posent des conditions,
Qu'ils ne participent qu'au passé,
Mais qu'elle est cette possessivité ???,
Ils adjugent,
Ma liberté.

Ils s'accolent à mes lettres, 
Se nourrissent de ma logique,
Mes neurones les malmènent,
Entre mes dents en adverbe et en adjectif,
Pour arriver à, 
Un objectif.

Je trace une ligne écrite en minuscule,
Il m'attarde à la rendre en majuscule,
Pour livrer ma détermination,
Et riposter par un point d'exclamation,
Ainsi, poser des interrogations,
Tout le temps sans réponse,
En finir par des points de suspension,
Mes mots en silence,
Une subtilité indéfinissable, 
Infranchissable obstacle, 
Souvent un point se doit être mis,
Alors mettons-le et s'en est fini,
De ces ponctuations exaspérantes.

Souvent, je ressens leur présence,
Ils m'agacent en permanence,
Ils remarquent mes défauts,
Je me contemple en photo,
Sans me lasser de mes corrections,
J'oublie de renforcer mon alinéa,
D'un air décousu,
Je le déchire du long au large,
Miteuse doublure sur une scène,
A un pitoyable sort d'une figurine. 

Je voudrais une précision,
D'une règle générale,
On m'explique que tout dépend de la phrase,
J'insiste que ça n'a pas de sens,
Mais donnez-moi une définition,
Sinon une démarche rationnelle, 
Ceci est la règle,
Mais c'est une aberration.

Je perds la raison,
En terme de confusion,
Mon coeur bat en trame,
Je ne trouve pas d'astuce,
Ceci m'intrigue,
Je me sens déterminée,
Il me faut un synonyme, 
Pour m'en sortir.

C'est une affabulation à la morale,
Quand retrouve chez la Fontaine,
Une illustration de conte en récit,
Qu'on dénonce l'auteur ou l'orateur,
De pérennité juvénile,
Un classique d'antan, 
Qui a su rendre hommage aux enfants,
Depuis la nuit des temps,
Qui ne l'a pas connu ou chanté ses louanges,
A d'innocentes âmes en quête de songes,
Dans un monde, 
Une légende d'une nuit. 

Les mots me manquent,
En vers et à l'envers,
Ils me piègent,
Partent vers un autre,
Des fois, je reste sans mot,
Sans commentaire aussi,
Une page blanche éternellement vierge,
Grave est l'accent, souvent aiguë,
Ils veulent s'unir et faire la fête,
Jouir des noces et sous une fine pluie,
Portent un chapeau.

Au pas de danse,
Je me lance,
Dans un roman,
D'un ancien français,
Du genre académicien,
Du nom de Larousse,
Le Petit ou le Grand??.

Un tourment en moi,
Je ressens une chaleur singulière,
D'un Il qui me guette,
Sous prétexte d'une vénération,
S'amourache à mon Elle,
D'ailleurs, on a omis de la déterminer,
Dans la langue de Molière,
Même à celle de Shakespeare,
Pourtant Elle, suffit à elle-même.

Les mots ne veulent pas se déranger,
Même à une virgule près,
A un tréma oublié,
Ou à un trait d'union manqué,
C'est un excès de zèle.

Ils me font sortir une règle,
Rédigé par je ne sais untel,
Mais qui est donc ce taré,
Qui a pris tant de jubilation,
A nous fixer autant de règles,
Inouïs et illogiques en détermination,
Untel se voulait un génie.

D'autres mots se sont rajoutés,
A la cadence, une aisance en souplesse,
Ceux d'un Dante qui exhibent ses finesses,
En sonate sous le balcon de Juliette,
Ou celui d'un Sir, avec les grâces d'un Lord.

Je cumule des mots frénétiques en sens,
J'agace mon partenaire,
En attribuant une voyelle,
Parfois, je traîne deux sur mon chemin,
Il se rebelle contre ma façon extravagante,
Et cet outrage le rend fou,
Qu'il s'aligne aux consonnes,
Pour consolider sa virilité,
Et étant impératif et non révisable,
Sur ses décisions, 
Roule une triple courbe,
Entraînant deux consonnes inséparables.

J'étais sidérée,
Elles sont pourtant charmantes,
Ces cinq demoiselles d'honneur,
Je sais qu'il y a une d'entre elles,
Qui est toujours soumise.

Ils m'envoient à revoir l'accord,
Ou me poser souvent la question,
Avec un objet direct,
Pour compléter l'indirect,
Je suis ferme, ceci m'est invariable,
Mais soyons sérieux.

J'admire un verbe,
Je le malmène en pensée,
Je le vexe au féminin,
Il est blessé tel un masculin,
Pourquoi ne pas se revoir??..

Juste une petite correction,
C'est un ensemble de règles,
Fixées par les usages,
Et les traditions,
Ce n'est nullement une offense,
A la langue maternelle,

Voyons!! Un jeu de simplicité en terme de connaissances... 








3.2.13

Memorium in extremis.....





Tout doucement, j'ai  pris mon envol vers le monde des humains, lentement, je me suis éloignée de la sphère qui déchiquetait mon souffle de vie..., et tranquillement, me posais devant un large horizon qui s'offrait à ma vue, un grand azur, d'une interminable beauté, me happait la réflexion de mes yeux, s'empara avidement de mon âme et posément me berça sur les flots des écumes, je m'endormis, endolorie sous l'eau, les membres appesantis dans les profondeurs de l'abandon,  une saveur douceâtre, un sentiment insipide, épicé, flottait dans l'air qui me prit à la gorge, je débâtis un moment confus, contre l'haleine de la mort...

Mes pieds étaient scellés dans mon lugubre sort, attachés dans le béton des ténèbres en contorsion, ma peau était ferrée au sceau de l'amnésie...

J'étais captée par une armada de bougies allumées, d'une ambiance si singulière, j'étais debout en border line,  soudain, je trébuchais, j'étais emmêlée dans un tortueux, un onduleux passage, je me sentis en chute vertigineuse dans le vide, ma tête cognait contre des parois si étroites..., j'essayais de m'agripper à une suspension, mais il n'y avait que le vertige du néant froid... 
Je perdais la conscience, une commotion amorphe, plongée dans un marasme du temps...

Qui était capable de lutter face à cette discrimination ???

La foi en Dieu, la croyance en un miracle, la conviction en la science....
Une noyade dans chaque prière, un étrange et redouté espoir de réveil...
Les grains de mon sablier se sont figés, l'usage du temps s'est crispé dans un lieu quasi intemporel...

L'antre de mes états, dégurgitait mes fonctions vitales...

Je l'écoutais, qui me parlait tout bas, je sondais ce personnage qui me dévorait du regard, je restais muette, mais mes pensées étaient en travaux d'introspection ...

Pour l'instant, les efforts pour m'atteindre, semblaient s'élaborer en boucle, une permanence de fantômes en silhouette, comme une évidence, tresse des mouvements en spirale à bout de bras, sans cesse autour de mon chevet...
L'amour se déversait sur mon lit de mort...

J'étais transpercée par des voix, aspergée, essoufflée, inondée par des tonnes d'événements, d'une étape de ma vie, tous semblaient se souder à remplir ma mémoire si vide, par des moments de bonheur,  d'une intensité supérieure, par tant d'amour... 
Le mot d'ordre était de m'épargner, des sentiments négatifs, une période triste, ou une circonstance similaire...

A travers, les ombres éreintées, exténuées, vulnérables, une envie de vivre, mais une persistance au bonheur amer, des automates qui circulaient dans ma chambre, la culpabilité, les remords rongeaient les âmes, à vouloir vivre, à espérer au bonheur, à l'amertume de ne pouvoir rire de pleins poumons...

Pouvait-on vivre et aimer la vie, quand une personne se bat contre ???
Pouvait-on parler d'un futur, quand le présent est si fragile à construire???

Ma mère était épuisée, elle n'était devenue que l'ombre d'elle-même, aussi bien que mon père, leurs coeurs saignaient à coup de poing de lames, ils finissaient par se ressembler après un long trajet d'habitude. Je les adore tous les deux, ce que j'aime en eux, c'est cette entraide, dans les moments pénibles de la vie, ils se soutenaient sans mot.

....




La main de mon compagnon de route se joignait aux miennes, elle exprimait son terrible souci, son amour, sa tendresse, nos moments de vie à deux, les souvenirs de nos premières rencontres, nos petites escapades loin du monde, nos mots susurrés à l'oreille, entre nos amis qui enviaient notre amour, à nos éclats de rire qui partaient d'un rien, à nos petites querelles, à nos divergences, à nos levers du matin à la découverte de folie, d'un champ de prairie, d'un sentier en oubli, d'une montagne déserte, des oiseaux migrateurs de différentes espèces, il me surprenait en désignant le nom de chaque volatile, moi j'arrivais même pas à m'en souvenir d'aucun d'eux, c'était tellement compliqué pour moi, et lui, il en riait aux cieux...

En un laps de projection en diapositive, j'ai revu ma vie à deux,  un cliché de moments de plaisir se projetait à mes yeux, des images se défilaient devant moi, je sentais un baume de chaleur calmant, m'adoucit et me guérit un brin l'âme...

Il me racontait de mes filles, l'aînée était  devenue la maîtresse de maison, elles aidaient en tout, je ne les reconnaissais plus, elles qui étaient d'habitude fainéantes, et lui prenait tout en main, je suis stupéfaite d'elles, elles m'ont manqué tellement mes anges chéris... 
Au fait, je ne me souvins pas les avoir vu... c'est sûr, que je les aurais reconnu... 
Au fond de moi, je savais qu'elles avaient grandi plus vite que leurs âges, et prenaient à coeur à obéir, dans l'espoir que tout redevienne comme avant... Mon état avait chamboulé leur train de vie quotidien...

Il me disait, qu'il m'aimait à la folie, il n'a jamais cessé de m'aimer, la vie était morose sans moi, j'étais son petit ange, j'étais sa source de lumière, et un rayon de soleil à son coeur... 

Je voulais lui crier mes mots, qui segmentaient mon âme en lambeaux...
Mon ami, ne pleure pas, tes larmes me sont si chères, et me remplissent de douleurs, te causer tant de peine m'inflige le coeur.

Mon ami, quand je ferme les yeux, j'arrive à te saisir au-delà des mots, à te toucher au-delà de toute caresse, à t'effleurer au-delà de tout souffle, à te sentir au-delà des sentiments, à t'aimer au-delà de toute tendresse, tu fais battre mon coeur rien qu'au son de ta voix, j'arrive aussi à sentir la chaleur de tes yeux sur moi, tu es en moi, tout en étant loin de moi...

J'aimerais que tu gardes nos souvenirs en toi...
Je resterai cette femme, que tu as tant bercé dans tes bras, chuchoté des mots d'amour, épaulé dans les soucis, enlacé en temps de joie, laisse-moi vivante en toi par la pensée, ait une chaleur pour moi à chaque lever du soleil, une étoile dans ton univers... 

Je sais qu'un jour, une autre prendra ma place, prends-lui la main, mon ami, et fait avec elle un bout de chemin, mais promets-moi, si je partais si loin, vient t'allonger sur l'herbe près de ma tombe, et raconte-moi ta vie après moi, parle-moi de ton bonheur, de celle qui a repris ta main chaudement, de tes pas sur la plage en admirant un coucher, parle-moi de nos souvenirs, les fleurs sur ma tombe n'ont jamais fané, tu as pris soin d'elles comme de moi de mon vivant, je sais qu'un jour, tu me rejoindras, nous sommes prédestinés même dans l'au-delà, je t'attendrais....

Sache que tu as rempli ma vie, je t'ai tant aimé, dans tes yeux était ma délivrance, j'essayais de te combler, tu contribuais tant à rendre mes jours les plus heureux, rien qu'avec ta présence si chaleureuse et si débordante d'énergie. 

Je t'enviais par moments, car je n'arrivais à suivre ton rythme, tu faisais semblant de le ralentir pour me faire plaisir, et accorder nos pas. Comme j'aimais cette façon à toi, de trouver des solutions à toutes les difficultés de la vie, ton sens à diriger notre famille sans effacer ma personne, j'avais confiance en ta sagesse et en ton sens de l'observation, c'est dans tes yeux, que j'ai su que tu pouvais être un bon époux, et un adorable père...
.
.
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J'avais déjà lu quelque part, qu'il y avait de fortes chances dans mon cas, de reprendre vie, après une éternité de sommeil...
J'ai aussi lu, que cette outre-vie qui dépassait l'esprit scientifique et que les recherches n'étant pas à un stade avancé, juste des présomptions. 

Un monde propre au Seigneur...

Dieu ! Que vous êtes immense, l'envie de te chercher à travers ta création terrestre m'échappe, je reste éblouie par tant de beauté et subjuguée par tant de mystère...

Cet état de corps humain, d'apparence inerte, sans vie, mais de l'intérieur vit une double vie.

Mon cas est celui de millions de personnes qui ont vécu un semblable drame, leurs histoires ne sont en rien similaires, la fin de chacun, sa destinée lui est propre, à lui seul, et ne dépend que de son heure, personne ne meurt avant son heure...

Pouvoir vivre avec la mort, se battre chaque jour avec elle, dormir dans ses bras, sentir son odeur, sentir ses confins, traverser ce miroir de l'outre-tombe...
  
J'essayais dans ma tête de me souvenir, de toutes les conséquences relatées dans la vie d'autres personnes, il y avait celle d'un état végétatif, un handicap cérébral pour certains, mais dans tous les cas, une mémoire vide........

....

Je ne pouvais sentir mes jours, était-ce le matin ou la nuit ??, mais il y avait des moments où j'étais seule, livrée à moi-même, il n'y avait aucune main, pas l'ombre d'une voix. Je commençais à m'en faire à ce voyage de solitude, celui d'être seule à bord... 
Tous pouvaient me quitter, mais cette lumière était tout le temps là, à me surveiller, si bien que dans ma tête, je me disais, que j'étais soit sous terre, soit dans les nuages, ne dit-on pas que les âmes partaient aux cieux...
Parfois, je sentais mon corps planer tout seul sans moi, il partait découvrir des âmes qui l'appelaient à le rejoindre, dans un cercle de lumière cotonneuse...

La perte de l'espoir et d'un réveil s'immisçait frêlement dans un silence imposant, et devint indubitable après six mois d'attente...

...

Un jour, tout s'écroula comme un château de sable, j'ai senti un orage qui s'était déclenché autour de moi, des pas, des pleurs, des supplices, des cris, je ne comprenais plus.

Pourquoi personne ne me tenait la main???
Que se passait-il??
Je sentais qu'on essayait de prendre une décision...

Mon coeur se mit à battre très fort dans ma poitrine, si fort qu'il bourdonnait dans mes oreilles, et puis les coups ralentissaient de plus en plus vite et à la fin aucun bat, mon coeur avait lâché,  ma fin approchait...

Que devait-on faire dans pareil moment???

Je cherchais en vain de me rappeler, mais rien ne vînt à mon esprit, tout me lâchait, s'en était fini de moi...  

Je criais dans mon désarroi, aidez-moi!! je vous prie...
Toi, mon coeur ne me lâche pas..., je n'avais pas envie de quitter ce monde...

J'ai senti une grande chaleur, des ondes de choc percutaient mon coeur, c'était l'ange de la mort qui venait prendre mon âme, je me débattais à me rappeler des versets, j'étais si affaiblis, soudain, un souffle dans mon oreille,  me les récitèrent, un afflux dans mes veines...
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Avec le temps et avec l'amour de mes proches,  j'ai pu recouvrer ma mémoire, ma convalescence a pris des mois. J'ai pu aussi relater mon voyage, en s'appuyant sur des témoignages de ma famille, ainsi que du corps médical et comment je suis revenue parmi les vivants. 
  
Les années ont passé depuis cet incident, j'ai survécu certes, mais je ne suis plus et je ne serai jamais la même personne... 

....




                                                                                          "I believe in miracles..."