2.3.14

Les bruits de bottes



Sur la rive de nos pensées... 
J'ai toujours marché sur la plage 
à ramasser des coquillages, des bâtons
et des objets abandonnés... 
J'ai cru voir dans ces choses, déposé par les vagues,
l'ensemble de l'humanité avec ses joies et ses peines...
Le secret qui permet à l'homme de ne pas vieillir
et de rester simple et d'avoir la capacité 
de découvrir un monde dans un grain de sable...
Il n'y a rien de trop petit pour être 
plus petit que ne l'est l'homme...
Nous marchons lentement à l'endroit où le reflet
des clapotis des vagues sur le sable...
Nous allons vers des réflexions, et des pensées
et avec le temps, nous retrouverons
notre sang-froid perdu, la sérénité et 
surtout nous-mêmes...
[Romano Battaglia]
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Tant de mots glissent pour se toucher à une peau baignée de sueur... sommeillent dans les bras de mon encrier... lèchent le cou salé de ma bouteille... une intrusion résonnante qui attire mes pensées et s'aventure à coucher le fantasme sur mon papier marbré... 
Souvent, une douleur non identifiable s'apparente à un mélange doux... touche le fond de l'insensé en sens... des sensations lointaines refoulées, me parcourent l'échine, un souffle de plaisir résonne en moi... une haletante respiration en sourdine m'imprègne de son émoi... 

Une nudité innocente... Etre avec toi où que j'aille, se voir dans le regard de ton horizon qui a précédé le mien... me transporte partout où je vais... même quand tu n'es plus là... se dénicher des senteurs qui me ramènent immanquablement vers toi... prendre ta main jusqu'à la tombée de la nuit, en marchant lentement sur une épaisse cape de velours miroitant le reflet des étoiles sur le vitrail de ton cristallin... à travers, teintée une intrigue chargée de sensualité... un parchemin de ton ombre me guette... te lire en recueil de palimpseste de mes fragrances... se laisser le temps de penser entre nos mots... 

Je sentis la soie obscure d'une dentelle froissée, un condensat si frêle me serre au ventre... J'étais submergée par cette chaleur et je résistais pour demeurer éveillée à toutes ces connexions qui persistaient au présent... Elles transformaient les bribes de résonances magnétiques et sensorielles en moult images qui défilaient devant mes yeux... 

Je tempérais mes émotions... Je caresse le dos de ma plume en rêve des jours croisés... je ne me satisfais jamais des moments inachevés... s'ouvrir à des souvenirs qui écrasent mes soudaines pensées et les partagent en intime nostalgie... s'affectent à accepter un lit du présent... Je m'abîme en risque du réel figé d'immobilité et s'allonge rudement en temps face à ma vue... Il me presse les lèvres de caresse oppressante sans se lasser de convaincre en frivolité ma raison... Un sonnet conflit de diapason... une moue étrange se dessine sur les rebords de mon front... suis-je forte à ce jeu ? étant une femme... mais, les hommes cachent bien le leur et la maîtrise bien plus à nos dépends... La gloire de taire des vérités, se convaincre éternellement pour la bonne cause... Une confession silencieuse qui n'échappera du gosier par la fente de la parole... 
Perdre la trace que j'ai bataillée au prix de nombreux efforts et remporter la victoire ne serait-ce qu'une fois... être liée en obsession à sa mémoire et d'être persuadée qu'une fouille aux tréfonds pouvait changer l'ordre des choses ou apporter un brin de réconfort... une sécurité éphémère des muscles sous la chair en berne... 

Un mensonge embaumait la pièce... une mèche de feu brûlée remplissait les narines d'un haut le cœur... Je rapprochais mon visage pour respirer ma première vision... un pouvoir m'ancrait du non-sens... Les hanches des voyelles se heurtent un peu trop aux hanches des consonnes, à des émotions qui trahissent le désir de nouvelles expériences... une voyance d'un mirage de lumière à des cœurs remplis d'attente... la trace dangereuse d'autres mains fuse en faible espoir... juger le sarcasme habile d'un amant au passé... une désinvolture sur des perspectives en ligne épurée... un éclair en ronde zébra les nuées de mes voyages réveillés... un dernier rempart avant de sombrer dans le vide agonisant... 

Soudain, des ébats de rue me font distraire pour un moment et je perdais par conséquent le fil de ma concentration... des voix aiguës comme du cristal volant en éclats se dispersaient en écho contre les ruelles vides... 
Une pluie déteinte d'un malaise en semi-conscience implorait en supplice mes efforts saccadés... se traîne d'un gris sale, impossible à définir nettement... un air de cliquetis impotent tresse des rencontres au hasard des haltes effrénées... rendre le raisonnable parfois à se rebeller... 
Isoler une foudre qui s'exprime en talent au milieu d'un champ hostile... l'effet escompté d'une crinière hérissée brime le rideau du canularesque... s'efforce d'inspirer la confiance qui n'apprête guère à être rassurée... une bourrasque de ciel semblait s'écrouler par terre... pleurant un ouragan de sifflets à des oreilles blotties à même le plancher du bouche-à-oreille...  

Des collages d'individus connus en méconnus par autant de promesses immortalisées... mimer une juxtaposition de visages en mouvement ourdi... camper sur des idées nulles pour échapper à une réflexion plus approfondie... un cache-cache juvénile pour intimider les occupants indésirables... des joues se gonflent comme un soufflet et se mirent à activer une étincelle de flamme... un foyer en ébullition reçoit une becquée en guise de partage inégalé de déclarations... rattelées à une chevauchée d'orage... aucun clocher n'était en selle juste le grincement des essieux d'une caravane obstinée à tromper l'allure des obstacles... 

J'apercevais un roulement en tonnerre de souliers et de brodequins en gangrène impaire, s'entassent sur des chemins à un carrefour fusionnel... s'abritent une abondance en platitude vulgaire... un miroir d'escorte obséquieuse... bondir une subordination à une somnolence accablante... le sensé en insensé qui se voulait du bon sens... habiller des faces dénudées de corps... chausser des mains agrippées à une invasion d'une berceuse maniée... des pieds en surenchère dans la boue d'une croyance persistance... des coudes se poussent la main d'un balai agrippant le manche d'un mur invisible... des racines en herbe se heurtent la semence d'un désert stérile... des pas sur des routes acclamant la lumière du phénix... sur une foule aveuglée se précipitent la lueur des chimères obscurités... Le prodige détrôné de son siège à vent, ni queue ni tête... une assemblée de vestige sans foi ni loi...

Un vautour scrute les alentours des barreaux d'un règne déchu sous une apparence d'un sauveur de la reine... des maisons vides sans murailles, sans porte ni fenêtre... une ruine dans un tas de pierres... des fantômes en cri d'enfants... un chant hideux à l'écoute des hurlements de mères au pas de glas assourdissant... des pleurs dégringolent sur les parois creusant des fissures... un lassement traversant les peintures, les dalles, et les briques... tombant en chute, sur une terre en source d'eau de larmes... des hommes se couvraient les yeux d'un voile de femmes... trouvant la paix sous les jupons... un éclat vibrant d'une tribu de parasites paralysant le creux du cœur... un flash anesthésiant le labyrinthe d'un hémisphère du cerveau... 

Une frise de vagues en frustration... S'asseoir sur le désert d'une vie... ramper sur des cordes suspendues du néant... percer des âmes meurtries et plonger dans le sec de l'oubli...

L'instant d'après je me vis tomber sur des pétales de rose, un peu étourdie par une lancinante blessure imperceptible mais prisonnière de mon destin... transperce l'entaille de mon âme... des contours de cicatrices en points de suture... J'explorais des lectures en braille... un choc de tintement obscène de coïncidences, m'abasourdit... même si la cause n'avait aucune importance... 

Une malencontreuse renversée d'une image en miroir de soi-même... une expression mortuaire dans le regard... une face ouverte au monde... être à l'abri sous couvert du sûre de soi... Une coquille invisible loin des faiblesses... qui nous atteignent... nous autres les mortels... 
Une grimace d'un mal de chien s'estompera sous les auspices du temps... 

S'émouvoir d'une cuite en fuite... comme le métal de mercure... inodore, captivant, mais dangereux... à ne pas se laisser prendre au jeu du hasard... 
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Embrasser du regard ta voix en refrain... une combustion douce entre toi et moi...