Sur mes chemins parsemés de pensées...
J'ai semé des roses dans mon havre de jardin. Chaque jour, j'en cueille une, celle qui m'appelle à effleurer sa beauté. Je sais qu'elle est plus belle, étant à la même place, dans son nid douillet. Mais tellement l'envie de la toucher, de la prendre dans mes mains, de lui accorder cet amour et cette attention, cela m'est vivement vital. Je dois avouer, que ce n'est qu'un pur bonheur, de sentir son odeur s’imprégner sur moi. Je fermais les yeux, et l'instant d'après, j'étais saisies par une avalanche de feelings... indescriptibles.
D'autres jours, je ne cueillais aucune. Les roses multicolores me murmuraient des traversées. Je les abreuvais à verse. Un langage rimait entre nous. Chacune d'elles, me narra son parcours de chemin.
La rouge... l'adoration éphémère. La blanche... la paix éternelle. La jaune... la hantise perpétuelle. La rose... l'espoir indéfini, et bien d'autres selon la mixture du mélange.
Le semblant d'un cantique vouait à la louange des roses, s'entama par un conte de fées...
Il était une fois, dans le royaume de l'Olympe, une petite serre où il n'y avait que des roses. L'une était plus belle que l'autre. Aucune d'elles n'avait la même histoire à raconter, mais malheureusement, elles avaient la même fin que celle des humains.
Alors aux prémices du soleil, les fleurs furent conviées à écouter une psalmodie à pleine voix. A des vers en psaume sur une rive où s'écroulait le temps perdu. Au chant d'une cithare, accompagnait le ruissellement des mots. Tout se figeait sur la poésie orphéenne. L'eau douce s'arrêta de couler, les feuilles et le souffle du vent cessèrent de bruire, les oiseaux en silence, et les soucis s'anesthésièrent.
L'inspiration était tant séduisante... son extrait exsudait une essence sucrée.
Abaisser les leçons de vie, où suintaient l'arôme de la conscience et le désir de la pénitence, mais vain était le récitatif. Chacune devait subir son destin, quoique l'air était en désuétude.
Alors ! La rouge, toute pomponnée et belle à souhait, à celle que l'on rêvait ces draps teintés... prit la parole...
J'ai été égratignée par les épines de mes propres roses, que j'ai offertes de mes propres mains. Elles m'ont longtemps fait mal, mais j'ai pris plaisir à les perdurer par mes mots, que je ficelais chaque jour d'aromates colorés. Mes nuits et mes jours étaient d'une étincelante, vibrants, magie...
Elle charmait l'assistance par ces froufrous rocambolesques..., mais finissait par...
Ô ! ma beauté éparpillée, sous les pieds piétinés. Fanée par des promesses non irriguées.
La blanche... dans l'habit de la sainteté, majestueuse d'apparat, à celle qu'on n'arrivait à son piédestal...
J'ai été le drap de satin que la mariée s'emparait. De mes doigts de fée, elle resplendissait. De mes pétales jetés, au riz immaculé de senteurs. De l'enfant pur au fond de chaque coeur, s'envole d'un rire enjôleur. De l'authenticité même de la vie.
Je tissais des liens en franchissant des barricades absurdes, à des parodies chevaleresques...
Elle saisissait par l'éloquence de ces mots de Déesse... mais finissait par...
Ô ! ma pureté par le sang aiguisé.
Quant à la jaune... qui devait se distinguer dans la foulée, à celle que l'on redoutait, mais joliment appréciée, malgré tout...,
J'ai été le podium de ma propre scène. Je me déguisais de mille facettes. Les mots étaient mon obsession. Mon ouïe était ma malédiction. Un parchemin grossier, renfermait quelques feuillets , dont l'oubli n'est autre qu'un palimpseste.
Je maquillais mon verbiage, selon les circonstances hasardeuses, et audacieux étaient mes penchants...
Elle atteignait les coeurs par sa franchise feinte ou masquée..., mais finissait aussi par...
Ô ! mes mots dégoulinant visqueux fantoche.
Si bien que la rose... qui prit à son tour la parole, voulait pétiller et accrocher les regards le plus possible. Elle devait être le mot de la fin, à celle de l'éclat de l'or...
J'ai été le flambeau que l'on allumait, sitôt que l'Olympe entamait la saison des jeux. Mon feu était couronné parmi les plus invétérés. Je jalonnais mon itinéraire. Ma devise la grandeur qui était de mesure. Les flatteries, ma ligne de conduite. J'évaluais la distance à parcourir et aussi les risques. Mon souffle devait être constant, point de répit surtout, quand la ligne d'arrivée m'était si atteinte. Je criais victoire même, quand j'étais essoufflée et meurtrie. C'était ma revanche contre le temps.
Elle émouvait par son courage à prendre le risque... mais concluait pareillement par...
Ô ! ma sagesse démesurée.
Souvent, je ne passe pas, d'autres temps me sollicitent. Alors je les abandonne à elles-mêmes. Je me dis, qu'elles doivent survivre sans moi. Ce lendemain, n'est jamais sûr. Il faut qu'elles apprennent à être indépendante de moi. Je ne serai pas éternellement là pour elles. La vie est dure. La pureté, la beauté ainsi que la jeunesse ne sont que volages.
Nous passons les plus belles années de notre vie, à s'en soucier tant, que l'on finit par manquer de vivre avec. Et les trois-quarts de notre vie, à les ressaisir, que l'on finit par ne plus vivre du tout...
Nous galérons pour peu de choses que la nature nous a offerte, et galérons pour peu de choses que la nature nous a déniées. Et passons le plus clair de notre cycle, à côté de l'existence même de la nature.
Toutefois, quand je les revisite en temps d'évasion. Je constate que les mauvaises herbes sauvages ont eu d'elles. Cependant, même un peu entichées, gardent une splendeur naturelle propre à elles.
Quand je les regarde au seuil de la porte, je me dis, avec beaucoup de fierté, et un grand respect, que la terre était bien fertile, et sagement ensemencée...
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Le parfum de mon envol...