18.8.15

Je commence un nouveau chapitre de ma vie...



Je parcoure le livre de ma vie... Les pages de ma naissance ont pris un coup de rides, les plus anciennes sont même jaunies et sont gondolées par endroits et quelques zones de mon existence un peu effacées. Je caresse d’une main les lignes fines marquaient par le temps, j’effleure du regard les années de ma vie, le souffle des rêves enchantés, les souhaits comblés d’une femme. Une cascade d'un air du temps frais envoûtant m'entraîne, m'enivre d'un parfum d'ailleurs, le goût de mon histoire. J’entends les feuilles du passé me chuchoter des souvenirs heureux et parfois, je suis même tentée de croire qu’elles respirent des mots pour soulager les jours gris à venir. Mon visage reprend des couleurs, un sourire réapparaît, et des idées joyeuses s’infiltrent pour estamper les grises et éloigner de moi les reproches faites à la vie. Je me suis sentie perdue à un moment de ma vie, j’ai même détesté les envies, les joies et j’ai isolé au fond de moi la petite fille qui criait son désarroi.

Un jour, une main est venue me saisir de cette avalanche diluvienne, il est temps que tu reprennes ton propre chemin.… Lève la tête et regarde le ciel, il est beau tant que tu accrocheras dessus ton sourire, chasse les ténèbres de ta main, et tu trouveras le soleil de tes jours, me disait-elle. Depuis, je n’ai fait que cela, accrocher le sourire là où la souffrance avait ravagé des cœurs, partager l’amour et non la peur, et répandre le bien-être et non les regrets. Mon regard avait guéri et est devenu amoureux de la vie.

Quand je relis le livre de ma vie, chaque page avait été une leçon. J’étais désarmée devant un parcours qui m’attendait sans appui. J’ai surmonté des obstacles ; peines, regrets, rancœurs, et j’ai côtoyé les joies et les tendresses. Sur mon visage a coulé des larmes, autant de bonheurs que de douleurs. J’ai été confrontée à une série de désillusions répétées, et bien plus tard, j’ai aussi perdu des amis, ou peut-être que le destin l’avait décidé à mon insu, mais avec le temps, et le recul, je me suis rendu compte que c’était le bon choix, et qu’ils n’étaient là que pour remplir un vide dont j’avais besoin, d'autant plus que l’esprit de l’amitié avait un sens profond pour moi qu’il ne l’était pour eux. Il était trop exigu sur un ego, égoïste et égocentrique, comme si la vie ne tournait que sur eux, c'est ce que je désapprouve dans l'amitié, et au fond de moi, je pense que c’est mieux ainsi. Je ne veux plus porter aucune cicatrice, ni porter le poids des personnes qui me tirent vers le bas… 


Je n’effacerais aucune des pages, même celles qui me semblent nulle de sens, elles m’ont fait comprendre qu’elles étaient une perte de temps, et qu’il ne fallait plus s’attarder dessus, sans plus. Chaque chapitre a fait de moi la femme que je suis, et je me suis faite à l’idée de m’accepter comme je suis… et je pense que c’est un chemin en soi… Je suis une apprentie de la vie,  j’apprends chaque jour, mes yeux sont avides de la vie et de son apprentissage.


Je plonge au plus profond de moi, je cherche ce qui est caché, et je découvre la périphérie de mon âme, avec mes propres émotions, sans l’interférence envahissante des autres dans ma vie. J’ai recensé mon cœur et toute cette énergie en moi, je sens que cette simplicité est limpide et puissante dans l’immédiat, et je pourrai fouiller encore et encore et découvrir d’autres ressources qui m’ont échappées. Dans ma tête ruisselante de pensées, je sais que j’ai une mission de vie que je dois accomplir… J’aime vivre, rêver et j'aime mes grands moments de fugues solistes à travers les mots.... 

Mon âme me surprend chaque jour tel un repère, une amie à connaître... Je m'entends respirer, je m'écoute, comme une voix toute proche qui s'amplifie en moi, et je perçois une lueur dans mes yeux me donnant la chair de poule... A cet instant, une résonance magnétique avait disparu, et la recherche frénétique et insensée a fini par cesser enfin, je me suis retrouvée, ou peut-être que je n’ai jamais été perdue, juste une métaphore à mon cœur de troubadour qui aime poétiser ses souvenirs et ses mots, et à embellir des pages noircies de divagations, une errance à faire ressusciter les mots et les maux… leur redonner la vie et animer des visages et des personnages inconnus, et retracer avec ma plume une histoire, un lieu de vacances, ou la mémoire de mes souvenirs… J’aime bien cette métaphore…


Je range mon livre passionnément, et je regarde en face de moi une nouvelle page à écrire, qui promet de commencer par une pluie d'étoiles, sous une cape d'une pleine lune...




Ecrit le : 1 août 2015

20.6.15

Invocation à l'Amour...





"Que la paix de Dieu soit sur vous ainsi que sa Miséricorde et sa Bénédiction."

Nous entrons dans le mois béni de Ramadan, et je tenais à vous souhaiter à toutes et à tous d'y trouver la paix, la quiétude, le raffermissement et la certitude. C'est aussi une occasion pour nous de faire de bonnes oeuvres et de bonnes actions, afin d'éliminer les mauvaise ou de s'écarter le plus possible des gènes du mal.

C'est le mois de la révélation du Coran, ce livre sacré qui est descendu pour orienter et guider les Hommes vers le Seigneur. Prenons le temps de méditer sur la Parole de Dieu le Tout Miséricordieux.

"O Croyants! Nous vous avons prescrit le jeûne (siyâm) comme Nous l'avons prescrit à ceux d'avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété."

C'est aussi le mois de la miséricorde et du pardon, le mois de la patience, de l'effort, de l'abstinence, du partage, de la générosité, du don...

Ce mois nous est convié pour mieux percevoir tous les bienfaits spirituels, de méditation, d'invocation offerts par Dieu, en échange de tout acte d'adoration accomplit pour Lui.

"Si les croyants avaient véritablement conscience de la bénédiction qu'il y a dans le fait de jeûner durant le mois de Ramadan, ils souhaiteraient que ce mois dure toute l'année", a ainsi déclaré le Prophète Mohamed (saw).

Le jeûne a également pour but de nous enseigner la patience et l'endurance, et ainsi d'améliorer notre personnalité ainsi que nos relations avec autrui. Le jeûne force notre corps à se plier à des contraintes et à des restrictions, et à résister à nos instincts naturels pour renforcer notre morale, notre volonté, et notre spiritualité. Cette période est aussi celle de la solidarité et de l'entraide, et nous invite à porter davantage d'attention à son prochain, et de se rapprocher de la condition des plus démunis, de ressentir et de supporter ce sentiment de faim.

Ce mois est une période considérée comme propice à un recueillement plus approfondi, un temps pour se poser ou reposer des questions essentielles, existentielles, une pause nous permettant de réfléchir et de remettre en cause certaines orientations de vie.

Je nous souhaite d'en ressortir grandis, de méditer sur nos vies, sur leurs buts et leurs destinations... Et plus que jamais de vivre en Paix...

Une immense pensée et de nombreuses invocations pour tous les musulmans dans le monde qui vivent ce mois dans la souffrance, le conflit, la pauvreté...

Que Dieu le Tout Miséricordieux, le plein d'Amour nous pardonne à tous nos manquements et nous permettre de devenir meilleurs et non parfait, la perfection n'étant qu'à Lui, et nous bénir éternellement de son amour et de son pardon... 

Les portes du Paradis ou les cieux de Dieu sont grands ouverts à tout un chacun... Que vos prières soient exaucées... 
"A tout péché miséricorde... Aucune faute n'est impardonnable..." 

Que l'Amour de Dieu soit sur vous... 

Peace and Love.



Ramadan Kareem Allahou Akram... (Ramadan est la clémence, Dieu étant la Clémence même)

26.4.15

Les yeux avides...



Je souffle en ce jour, la troisième bougie de mon blog... J'ai voulu l'allumer et fêter cet événement avec vous... Et peut-être l'occasion de se souhaiter des vœux... (sourire).

Comme j'aime être parmi vous, et me sentir comme chez moi, entourée des miens... De plus, j'ai pris cette habitude de parler un peu de moi, et qui me plait... Je dois avouer sincèrement que vous me manquez, et que cet espace me manque en particulier... C'est ici, où tout a commencé, mon aventure avec les mots qui ont vu le jour et ne cessent d'avancer à petits pas, et prennent une allure solide de mes ressentis du moment... de l'intimement, Moi...

Ici, je me sens moi en toute impunité... Cet endroit me correspond parfaitement, loin du tumulte démesuré et du bavardage insensé... Un lieu discret comme je l'aime et qui m'habille décemment... En plus, savoir que quelques personnes s'attardent à me lire, ou que même les quelques regards indiscrets qui viennent jeter un œil sur mes écrits... Tout ce beau monde, remplisse mon cœur de bonheur... 
«Tout ce qui se partage mûri et fleuri, et tout ce qui se garde à l'intérieur de soi se terre et se meurt...»

Quelque part, j'ai beaucoup travaillé sur moi, pour ne pas décevoir et être à la hauteur des attentes... Et je suis bien consciente qu'il me reste beaucoup à apprendre, et que je ne suis qu'à mes tous premiers pas, mais je n'aime me presser...

Durant ces longues années, certains commentaires m'ont beaucoup touché et ému, d'autres encouragements et soutiens m'ont attendri et stimulé... Et d'autres personnes ont préféré se cloîtrer dans le silence et me regarder de loin... Même, si leurs mots m'auraient tant encouragé, réconforté et assuré... Et bien d'autres m'ont carrément déçu et je ne veux plus me complaindre, ni m'attarder sur elles... Certes, je pardonne, mais je n'oublie jamais...

Sincèrement, merci à vous tous, et en particulier à ceux qui ont tenu à être très proche de moi... J'aimerais leur dire que j'en avais réellement grand besoin... Je n'ai pas cette manière usuelle de demander de l'aide à quiconque, j'ai toujours cette impression de déranger et cela me met mal à l'aise,  mais j'aime me sentir épaulée et chaudement soutenue... Et mieux encore, que certaines propositions viennent d'elles-mêmes, ce n'est que pure joie... (un clin d’œil).

Les personnes qui nous sont si proches, sentiront notre besoin plus que d'autres... et celles qui sont loin ou préfèrent être loin de nous, resteront aussi longtemps loin de nous jusqu'à l'indifférence, même s'il y a des ressentiments cachés... et c'est ce qui fait la différence entre les personnes qui nous sont chères et très près de nos cœurs... 

Le cœur est un organe si grand, qu'il peut contenir le monde entier, mais il y aura toujours une place privilégiée pour une ou deux personnes sans plus... Le cœur aime toujours la folie de la passion à la sagesse de l'indifférence... (sourire).

J'ai semé une graine dans une terre fertile, elle prendra tout son temps pour éclore, cependant à la même saison, son arôme parfume l'air et colore la vie de ses pétales  en arc-en-ciel...   

L'amour n'est pas seulement mon oxygène, mais l'élixir à ma vie... J'aime aimer et être aimée... Et la vie est un grand amour...

Cependant, je ne serai ingrate d'avoir appris le silence devant l'exubérance... la bonté devant la méchanceté... et de tolérer l'intolérance des tolérants... Grâce à cet enseignement, j'ai appris à apprécier et à déguster à la simplicité de la vie... à regarder la lumière qui jacasse dans l'ombre... à prendre plaisir devant ce filtre bleu qui perce les nuages gris... à écouter le chant de la terre... le silence des arbres... les jacasseries sans fin des oiseaux... 

J'aime me regarder dans les yeux de l'horizon qui me fait voyager... C'est mon univers de prédilection pour écrire... une intarissable source d'inspiration... qui entraîne ma plume et accélère les battements de mon cœur, et les mots jaillissent comme un volcan en éruption... une vague d'impulsions de passion et d'amour... Ma muse!. 

Toutefois, l'écriture pour moi revêt un épanouissement total... Je ne m'efforce pas d'écrire, même si certains le préconisent... Les mots me viennent aisément, comme l'eau fluide de la rivière... leurs bruits sont comme le chuchotement de l'eau d'une fontaine... comme les pigeons qui jacassent et rient en s'éclaboussant la tête d'eau... C'est vraiment une scène devant moi que je peins avec mes propres couleurs... Souvent, elle est bien colorée, quelquefois, elle est défraîchie, et d'autres fois, complètement dans l'ombre, mais il y aura tout le temps de la lumière dans mes peintures... et du soleil dans ma palette... Incontestablement, le soleil est un élément fondamental, essentiel et vital pour toute forme de vie... Que dire de l'Homme!.
«La vie est comme une histoire... Il y a un début et une fin, le reste, ce sont des pages que nous écrivons nous-mêmes...»

Il y a aussi des jours où ma page serait constituée de pages blanches, sans un seul mot... mais il y a aussi mes pensées dessus, et à travers le silence, mes mots se lisent... Je n'ai pas cette angoisse de la page blanche comme chez certains, ni la peur d'être devant une page vide... Il n'y a jamais eu de vide dans l'âme d'un être... Tant qu'il y a une source de vie en nous, tant que les mots habilleront notre conscience, et, de ce fait, la page se remplira toute seule de cet intérieur de nous qui nous parle à haute voix... Il n'y a jamais eu de prise de conscience sans douleur... Et dans la douleur l'âme est encore plus proche que jamais du ciel... 
«On ne peut atteindre l'aube qu'en passant par le chemin de la nuit [Khalil Gibran].»

Chaque matin, j'enfile le souffle de l'âme, et je tricote la vie avec les couleurs de l'arc-en-ciel qui s'immiscent, et s'entremêlent aux senteurs des saisons... Ma philosophie dans la vie, et que je m'efforce de prendre le bon côté des choses, et n'être qu'optimiste et pleine d'espoir pour pouvoir avancer... Il y aura toujours un rayon de soleil qui se faufilera entre les ténèbres... N'ayez crainte!. 

Merci infiniment aux fidèles lecteurs, aux nouveaux et aux anciens adhérents, aux curieux et à toutes et à tous... Je vous souhaite une bonne lecture, et prenez plaisir à cueillir les fleurs de mon royaume... et à laisser un pétale de senteurs si l'envie vous vient... (sourire).

Vous êtes un rayon de soleil dans ma vie! J'espère que vous appréciez chaque bon moment que la vie vous offre... Chauds bisous du cœur à tous!.

Je me souhaite encore une fois, et triplement un Joyeux Anniversaire... (un clin d’œil).



P.s. : A l'amour de ma vie... A mon compagnon de vie... A celui qui me lit en premier... Je te dédie tous mes mots... Merci d'être dans ma vie... Toi, mon étoile qui scintille dans mon ciel... Toi, mon ange gardien... Kiss U

8.3.15

La peau de chagrin...



 -XI-
Étreintes 
***




Des fleurs parfumées agonisent l'éclat du jour, une partie de ma vie est très loin de moi... D'un passé que je n'arriverais plus à saisir. 

Je me sens triste à mourir...

L'ombrage de mon regard effeuillait silencieusement ma joie, mon sourire, ma gaieté, mes plaisanteries, mon amusement, ma douceur, et ma légèreté de vivre, une pénombre le masquait définitivement des rayons de la lumière. J'étais plongée dans une profonde mélancolie qui m'était longtemps mystérieuse, si imperceptible. Cependant, elle conspire à me submerger, à m'inonder et à m'accabler sous un intarissable flux de confusion. Elle se loge librement, sans défoncer aucune porte, à peine s'installe le spleen. Elle est sirupeuse, fluide, doucereuse, souvent sans être néfaste, mais bien rigide, robuste, comme une seconde peau qui coule ses laves tièdes après la mousson. Son obscurité tenante est indélébile, ses yeux sont indéchiffrables et pourtant envoûtants, enivrants de persévérance. Elle contient les confins de la félicité, s'interpose à mon bonheur, renferme mes rires nonchalants. Être seule est le refuge de sa potence, et l'abri de son ciel est ma demeure sans conditions, un tènement pernicieux...

Sur ma peau le dessin, de tous mes tourments, mon ivresse passée, engendrée, et permanente, des mots gardés en secret, mon ultime beauté sans combat.

Je sommeille dans la brume... Je pénètre l'enceinte de mon jardin clos à jamais. Les marches s'éclipsent sous mes pas. Au seuil du portail, dans une demi-obscurité, en haut et en grand, était gravé "Amour" en lettres d'or, comme une sorte de devise sacrée. J'avais déjà perdu ce culte de dévotion en chemin, et toutes ces belles promesses, trahies, il ne me restait que les stigmates et les vestiges d'une belle romance... Mais, encore, plus bas, apparaissait en lettres plus fines l'apparence d'une citation : "Ce qui est passé a fui... Ce que tu espères est absent... mais, le présent est à toi..." 

J'étais plus embrouillée et confuse que jamais, je ne voulais même pas puiser, ni céder au sens des mots. Et dans l'énergie du désespoir, j'ai commencé à secouer violemment la grille de fer forgé de toutes mes forces, je criais et pleurais dans un élan d'accablement, tout ce, à quoi j'aspirais, était de franchir la porte et revivre ce voyage d'éternité, mais personne ne m'entendit et nul ne m'ouvrit.

Pourquoi m'empêche-t-on d'accéder à mon dernier souhait ?. 

J'étais sous le choc et anéantie, j'ai fini par capituler et rebrousser mon chemin. Mais, soudain, j'ai réalisé que j'étais au bord du vide, nulle trace de mon retour parmi les morts-vivants. Visiblement, seuls quelques petits nuages me suivaient de très près, qui couraient dans le grand ciel et s'amusaient à dessiner des visages, et jouaient à pénétrer l'air et à friser mon ombre. 

Je me suis distraite un moment dans le jeu et sous la poussée d'une hallucination, mon corps vacilla dans le vertige des abîmes et tomba dans le vide. J'essayai de me retenir à une brise légère qui virevoltait mes cheveux... Je me suis réveillée en sursaut, une sueur froide perlait sur mon front, ma gorge était sèche par l'étouffement, j'étais par terre dans ma chambre, ce n'était qu'un mauvais rêve.

Aussi loin que remontaient mes souvenirs, j'aurais tant aimé réparer la blessure originelle...


[...]

4.3.15

La peau de chagrin...



-X-
Mon monde s'embue de nuages gris
***




C'était un jour de solitude comme un autre qui s'amassait sur le temps vertigineux. La moiteur matinale de l'air murmurait l'amour à la terre.  Des gouttes de rosée luisaient sur les tiges élancées d'un vert foncé, pareilles à des perles diaphanes. Des fleurs chatoyantes, miroitantes à la fantaisie, exhibaient la beauté d'une madone, une fontaine haletante gloussait des jets d'eau, des oiseaux légers picoraient dans le cœur flétri de la sève. Un tableau vivant et presque folâtre...

Pourtant, je peine à prendre mon envol... 

Mon corps refuse d'oublier... L'absence de l'âme qui a longtemps gigoté en moi, était comme un mirage hurlant que je ne pouvais taire son cri brisé. Mon cœur me serre devant une scène de mère portant son enfant, mon souffle m'étouffe quand j'entends un enfant appeler, "maman", les larmes frissonnent mes yeux quand un enfant câline sa maman... Ma poitrine s'affole et scande ma douleur... Je sentais la flagellation et l'incision avec un excès de cruauté sans relâche, j'étais engourdie dans une béance énorme, je suffoquais le dernier souffle vain. Une brume sournoise fumait mon corps à foison, le souffle de sa bouffée attiédie, rampait à travers mes interstices, un pincement venimeux et furieux imprégnait la morsure du brûlé vif. 

La peur me traque, et me ravage comme la peste, je l'attendais, immobile, avec autant de terreur, elle est si cruelle et immonde quand je devenais sa captive. J'étais consumée dans la braise des flammes de la mélancolie gangrenée, je m'assombrissais dans le dégoût de soi-même et de l'existence, tout m'était fade et insipide, même l'élément substantiel avait perdu l'esprit fondamental. La torture du choix du moi si permanente, et pourtant fugace. Mon moi qui m'a été confisqué ou a été réduit à une décision étriquée. Un ouragan tempestif traçait un sillage obscur dans le conscient réel. L'ombrage d'une cabale secrète s'ourdissait contre moi, mes nerfs en trame piégeaient, et parvenus à l'extrême usure. 

Je m'étais enroulée dans un cercle vicieux et rabâchant, du pourquoi de ce moi et les autres, du sort qui s'était abattu sur moi, alors que j'étais parmi les plus chanceuses. J'avais tout ce qui me rendait heureuse, je ne me suis jamais plainte, je me contentais du peu que la vie m'offrait, je le grandissais à mes yeux et à ma convenance, et autant je le nourrissais de projets... Et, pourtant, il a suffi aussi du peu pour perdre, l'instant d'après le "Tout" de toute une vie... Je me suis perdue dans ce tourbillon du moi, dans l'explosion de mon cœur en cri, au risque d'une rage impie. 

Il me restait l'alternative d'arriver à apprendre à me renier, ou à renier ce caveau qui gisait au fond de moi ou dans les profondeurs de mon esprit... 

Dans le lointain, il arrivait qu'un amalgame de l'"Enfant intérieur" se remue en moi, sans toutefois, distinguer si c'est la voix de celui que j'avais perdue ou de celle de la petite fille en moi qui était restée cachée et abandonnée dans une peur constante... dans ce monde d'adultes. La lumière l'avait effrayée, ainsi et depuis toujours, j'avais étouffé ses sanglots, brimé ses émotions et malmené une grande part de sa candeur. C'était la vengeance de la petite fille qui prenait le dessus et prédominait sur la femme que je suis, ou qu'elle ne soit, tout simplement, porteuse de transformation... ou qu'elle ne porte dans ses bras que le linceul de mes souffrances éternelles... 

Je voudrais tellement pouvoir la reconnaître et libérer sa nature peuplée... Parvenir à réconcilier, à reconquérir l'état de l'enfant sous silence...


[...]

28.2.15

La peau de chagrin...


-IX-
La traversée des ombres
***





J'orne les meubles de mon monde torturant, qui m'accapare jour et nuit. Je suis vêtue sans aucun désir, un misérable voile apaisant mes inquiétudes. La vanité de mes chagrins, un harcèlement vivant me caresse de baisers démesurés, un air délicieux de vérité... la mienne. 

Par moments, la voix disparaissait et aussitôt une ombre prenait place. Je ne distinguais pas son apparence, mais j'avais cette sensation de la connaître depuis toujours. J'écoutais sa respiration haletante sur moi, ses lèvres m’étreignent, se fanent sur ma bouche et tombent déchues sur le sol, aux pieds de mes herbes disgracieuses. Elle m’assiége dans sa forteresse, j'étais sa prisonnière, même la voix ne pouvait m'atteindre en sa présence. Elle avait une emprise souveraine sur moi.  En me dominant, elle parvenait à me lire comme dans un livre ouvert, si bien qu'elle avait une longueur d'avance sur mes pensées, mes faits et gestes. C'est dans mes moments de faiblesse, de déroutes, d'instabilités, et dans mon manque de décisions, de discernement que l'ombre m'apparaissait plus distinctement.

Elle me soumettait à des délires farouches en ravivant une étincelle de feu qui couvait sous mes cendres. Elle asservissait sauvagement mes lettres cruellement entrecoupées. Elle muselait mon souffle, et riait de mes tiges grossièrement jetées sur le pavé du déclin. 

J'étais cette poupée chiffonnée qu'elle modelait à sa guise. Elle m'habillait de son humeur maussade, désagréable à longueur de journée, et en d'autres jours, j'étais plutôt dans la peau d'une folie frénétique à l'aliénation.  

Elle me rendait à son effigie, une statue frigide, rude et lustrée, un cœur de marbre insensible et glacé. Mes yeux étaient sombres, et bilieux. Le sourire avait abandonné mes lèvres, et les traits doux avaient disparu de mon visage, laissant une face impénétrable, ténébreuse. Je devenais impétueuse, d'une cruauté acariâtre, et mes mots étaient ironiques et acerbes.

Je suis perdue dans ma souffrance, je la savoure, je la respire. Elle est gravée, ferrée en moi. Elle m'appelle, m'interpelle de la suivre sur un chemin étroit. Elle coule en moi, serpente en moi, si tendrement, si confusément, si vaguement, mais comme autrefois, mes souvenirs me tirent vers le bas inlassablement inoublié.

"Le lendemain" est un mot incompris, puéril, superficiel, crédule, qui s'installe dans le vide d'une pauvre âme en perdition. Ce mot charmeur me tenait en lisière, me suppliait de le rejoindre dans son mensonge poudreux, avili de trésor non palpable, comme une nuée insaisissable dans le ciel bleu. Un droit qui s'octroie sans mérite, sans effort. La peur dans le ventre, d'une question dérisoirement et irrévocablement détournée.

- Le pourquoi d'une vie... Quand la seule raison de vivre, nous a quitté...

Une impasse à tout bout de champ frôle les yeux, la perception à d'autres interrogations qui afflux, et martèlent dans la tête, et se réduit à un sentier en pente dégoulinante, gélatineuse. Le souffle des mots livides échappe à la rescousse. Le droit à la vie, à la survie, de l'âme vivante en nous... 

Belle métaphore profondément volée, violée, serinée...


[....]