25.5.13

Le paradis sous tes pieds









J'aimerais murmurer au creux de tes seins,
Les belles paroles de mon amour pour toi,

Toi la beauté rarissime de mon existence,
Toi la peur de mes déluges d'abandon,

Le refrain de ma mémoire en silence,
La mélancolie de mes paroles sans bruit,

Le pas de mon insouciance démesurée,
Je te cherche partout auprès des visages,

Des somnambules qui vagabondent, 
Sur mon chemin nocturne,

Je mélange ton sourire désespérément,
Sans motif ardent,

Je pousse ton ombre dans mon sommeil éveillé,
Je scrute ta lumière angélique en pudeur,

J'implore ta présence inlassablement,
Toi qui es partie si tôt de ma vie,

L'amertume des jours heureux,
Reproche à mes yeux,
Les larmes asséchées,

Je hume tes empreintes en errance,
Le long de mes pensées,

La senteur de ta saveur, 
Me brûle l'âme,

L'oubli est un long chemin,
En feu lancinant,

L'âtre d'un proche enlacement,
M'apaise doucement,

Je reviens là où les chemins nous ont séparé,
Pensant retrouver un brin de toi,

Je feuillette un livre inachevé,
Je n'ai pu le noircir après toi,

Mes pages sont restées muettes,
Figées au son de ta loi,

Tout semble en vain,
Poussière du temps,

Une couverture en pluie de terres,
Que nous-mêmes jetons,

Au fond d'un gouffre sans fin,
Les réverbères d'une lueur,

Agitant l'espoir du néant,
Je me suis agenouillée,

Au seuil d'une prière,
Embrasser la chaleur de tes bras,

Une ultime fois....................
























11.5.13

La peau de chagrin...


-VI-
Les pas de mon silence...
***

Le beau temps est une étincelle de phare,
Un faisceau de lumière,
Des petits pas de pluie légère, 
Qui nous attendent pour la traversée,
Celle  d'accéder, 
Au Bonheur...




    Les nuages voilés s'accomplissaient d'une clarté lugubre sur ma destinée. Une fascinante, indécente mesure du temps. Une horloge des mois sur un calendrier me filait entre les doigts. 

    Un matin, je me suis réveillée avec des bleus partout sur le corps, je pense que mon mari était aussi dans pareil état. Dans sa douleur, il ne parvenait plus à se contrôler, et dans son désespoir, il n'arrivait plus à me faire sortir de mon déclin. Il me voyait glisser lentement vers ma déchéance, sans pouvoir rien y faire, mais encore, il ne faisait que m'enfoncer d'avantage sans le savoir, si bien que l'on était arrivé aux mains.

   Nos conflits devenaient trop fréquents. L'insupportable calme entre nous, pendant la tempête, fut le fardeau d'un sanctuaire en silence, le chemin du supplice. Nous étions meurtris, blessés de corps et d'esprit. Sachant que les paroles ne pouvaient améliorer les choses, nous avons préféré panser nos blessures individuellement,  c'était notre plus grande erreur.

    Un autre jour, au vu de mon tempérament qui s'est dégradé. Il  vida toutes les bouteilles d'alcool qu'il détenait à la maison, de peur de me voir sombrer dedans, alors qu'il savait que je le détestais, et que je n'aimais pas non plus le voir boire. Il vida la boîte à pharmacie que l'on avait dans la salle de bains,  craignant à une overdose de médicaments.  Il enleva tous les couteaux à portée de main, pensant me taillader les veines, dans mon délire extrême. 

    Une maudite succession de scènes impensables de possibilités, un enchaînement inimaginable, de son imaginaire abondé... le paradoxe burlesque du bon sens...  

     Cependant, il a failli à me redonner une raison de survivre........ 
Il suffisait du peu............ son Attention et son Amour.... un Rayon de RA.....

    On s'est aimé à la folie, notre vie de couple était un pur bonheur, mais l'amour ne suffisait plus. Compter seul sur l'amour n'était plus possible. Dans une relation, il faut beaucoup d'ingrédients que les deux partenaires se devaient de rajouter chaque jour. Penser que l'amour seul, pouvait affronter les épreuves de la vie est un leurre que bon nombre de mariés réalisent, après un temps de vie ensemble. Et nous, nous étions parmi ces couples. A la première tempête qui a traversé notre ciel, nous avons failli ensemble, je dis bien ensemble, parce que je sais au fond de moi, que je suis la première à blâmer. 

    Je suis une personne faible, je l'avoue, j'ai mis mon drame sur le dos de mon mari.  Je l'ai jugé sans m'avoir défendu, je l'ai traité ignoblement. Je reconnais que j'ai plus aimé l'existence de cette femme abandonnée par son époux, par ses promesses non tenues, que par la femme courageuse qui a pu surmonter son deuil.

   J'ai aimé le statut de la femme qui se lamentait tout le temps, parce qu'elle était incomprise, celle qui souffrait pitoyablement. J'avais oublié pour un laps de temps, que lui aussi avait perdu son propre enfant, je n'ai pas réalisé sa tristesse, mon égoïsme perpétuel. Réaliser que j'avais tort me frustrais, je me persuadais dans mes débats hallucinants que j'avais raison. J'ai oublié de me dévêtir des petitesses médiocres du "Moi"... exigu, pauvre, mesquin.

   Je me suis habillée de ce rôle et je l'ai récité en parfaite comédienne. L'actrice qui submergeait d'une misérable pièce de théâtre, frôler la perfection et l'addiction. J'entrais dans l'arène, comme une reine déchue de son trône. La clameur des spectateurs de l'amphithéâtre, me réjouissait le coeur. Mon adaptation se succédait en vers dramatique, dans mon désert de mots, excitait la commisération, la compassion. On m'applaudissait pour ma performance, à celle de la tragédie grecque.

    Une éloquence emphatique, sous le sommeil de mon âme en fêlure, givrée dans une torpeur anesthésiante. Je me suis imprégnée d'un masque, qui me drapait la face. Je le regardais m'envahir, je le touchais sensiblement sans mépris, une pensée lumineuse me traversa du regard, comme un éclair. J'en découvrais plusieurs, au fur et à mesure de ma prestance. Je façonnais les détails, je les sculptais, je les épurais jusqu'à la plénitude. J'étais tellement ancrée dans mon personnage fourchu, que j'ai fini par être une piteuse, une piètre comparse dans l'immense théâtre de la vie. Derrière les coulisses, je devenais cette souris grise, qui fuyait les lumières des projecteurs de la scène, à celle que l'on chassait à coups de balai. 

    Au rythme de mes jours, je me colorais d'un teint cireux, desséché. Les cernes creusaient un fossé au creux de mes yeux, d'un aspect terreux. J'arborais l'ultime descente en enfer, par les démons de mon inconscience. Je souffrais le martyre de mes confessions muettes en feu.

   Un jour de semaine, avec une telle affliction qui ravageait son dos, les bras pesants, les épaules lourdes de conséquences, une mine entichée, et à bout de nerfs, mon mari ferma la porte derrière lui, sans retour. C'était mes derniers souvenirs de lui.

    Dans ma liberté absurde, dans la fragilité de mes pensées vides, mon larmoiement de réflexion rocambolesque, je me disais que j'étais une femme libre à présent. Je me considérais pareille. Je pouvais faire de ma vie ce que je voulais. Me soûler jusqu'à ne plus me souvenir de mon nom, être l'amante de plus d'un homme qui me désir même avec ce corps haineux, et ne plus me rappeler d'eux le matin suivant, pourquoi pas ?, j'étais libre non !. Ne plus être redevable à quiconque de mes faits et gestes, ni même à la société dont je faisais partie, qui me juge sans cesse, et sans aucune raison.

     D'écouter l'autre moi, qui dormait en permanence, mais dans les moments fatidiques prenait le dessus. Je pouvais être mille femmes à la fois. A la femme fatale, à celle que les hommes admirent le plus sa compagnie, loin de toutes sortes de liens. A celle d'une plasticité physionomique, pompée pour embellir le naturel, à l'aberrant fantasme d'une offrande sur étalée, sur une bouche avide, dégoulinante en sueur de salive...

    Cependant, chacun de nous aspire à une purification spirituelle, au réveil de l'enfant innocent, pure qui dort en nous. Devant ce miroir qui me scrutait, je redevenais moi-même, le masque tomba du coup, j'étais face à face à mon spectre, qui m'endossait honteusement de mes actes, de mes torts, me responsabilisait de mes péchés. 

   Une lumière de libération  prenait forme dans ma conscience, ma marche en découverte s'insinuait vers la délivrance. La grâce du seigneur frappa à ma porte, un message qui m'était destiné. Un rebondissement à la vie avait pris une lueur d'espoir dans mon gouffre béant. 

    Mon coeur s'est rempli de lumière... celle de l'amour de ma renaissance...
.
.
.
.........









1.5.13

La peau de chagrin...


-V-
Tout silence a une fin...
****

Toute lutte n'est jamais une perte,
Toute défaite n'est jamais un échec,
La nature résiste aux intempéries,
Et l'homme fuit ces épreuves...
L'espoir et l'amour sont la lumière de Dieu,
Dans l'immensité de son royaume, 
Le Seigneur veille sur nous, 
Et ses anges prient 
Pour notre salut. 



   De toutes les bontés de la vie qui puissent nous arriver, c'est certainement la générosité naturelle que sont nos enfants. Ils nous parviennent pur, inné, vierge, par le souffle du divin. Ils sont un miracle, une bénédiction, une offrande du Seigneur. Un pur bonheur de les tenir dans nos bras, de humer cette odeur angélique, paradisiaque. A croquer à belles dents de baisers à cette chair douce, dodue. Tout en eux, suscite à la saveur de l'amour sans modération. Un mot léger, délicat, "m-a-m-a-n" entrecoupé de leur bouche, nous fait bondir aux cieux. Sitôt, le cordon ombilical coupé, que les écritures commencent à noircir un chemin de vie, chacun portera son livre... un jour.  On ne remerciera jamais assez le Créateur de ce trésor.

    J'ai longtemps attendu, au fil des jours qui coulaient de voir une lueur de remède percer mon ciel lugubre, mais les mois passaient et mon existence s'empirait dans un silence farouche. Je déclenchais une excessive susceptibilité à tout bout de champ. J'étais hantée par un sentiment de méfiance incessante, de soupçon persistant. J'étais affectée aux tourments lancinants, une continuelle crainte sans raison. 

    Je ne vivais plus, j'étais figé dans une clepsydre de goutte-à-goutte en pleurs. Le temps était mon pire ennemi, il défilait sans vergogne devant mes yeux pour marquer à jamais sa présence. Il me riait au nez à chaque passage. Je le scrutais avec mépris sans pouvoir l'arrêter, ne serait-ce qu'une escale sans lendemain. Il était le voleur austère, l'insaisissable, l'ironique moqueur, au regard froid sans coeur.

    D'autres jours, le ruissellement de l'eau sur ma peau était devenu mon dégoût. Je la considérais comme une agression sur mon corps,  se laver devenait un supplice. Je remplissais la baignoire d'eau en mélangeant des essences parfumées, mais je ne parvenais pas à m'y glisser dedans. L'eau me rappelait le sang qui avait coulé de mes entrailles. Des images se percutaient dans mon imagination, un croisement en choc défilait dans ma tête. A la source de vie que j'avais portée dans mon ventre pour quelques mois de bonheur. Je l'ai vue naître pourtant, mais sans vie, un laps de temps devant mes yeux suffoqués par des pleurs. Je l'ai vue partir sans la prendre dans mes bras, on m'a tué à forte dose de morphine. J'ai enterré sous les cendres mon ange, une pluie de terres avait bouché la respiration d'un être frêle que j'avais chéri en moi, et avait disparu soudainement, dans le chemin de l'oubli de ma vie.

    Un autre soir, voulant m'aimer et faire revenir les sentiments entre nous, je n'étais pas encore prête. Il a abusé de moi, je l'ai laissé faire sans me débattre, avec le dégoût d'une femme que l'on violait son corps sans sa bénédiction. Je regardais faire comme si ce corps ne m'appartenait plus. J'étais dans une léthargie totale, mon corps était anesthésié contre toute atteinte. Les sentiments m'avaient déserté, la passion, le désir, l'amour devenaient immanquablement inconnus dans mon cerveau stérile, flagellée dans mon entité.

   Sitôt fini, je me suis recroquevillée sur moi-même pour me protéger, mais rien, je sentais cette souillure en moi. Cette odeur de jouissance qui me donnait la nausée. Une sensation de répugnance, une frustration extrême de dégoût, dans un délire fiévreux d'abus. Je me suis sauvée dans la  salle de bains, j'ai sombré dans de l'eau glacée, pour ne plus ressentir aucune sensibilité. Mon mari sauta du lit pour me faire sortir, il marmonna sa colère entre les dents, que je devenais folle. Il prit un peignoir de bain chaud, me retint dans ses bras pour me réchauffer, plus rien n'avait de sens. Dans ma fureur et ma rage je l'ai repoussé et j'ai jeté le peignoir sous mes pieds. J'étais nue, livide de froid et j'ai crié dans ma confusion totale, que s'il voulait encore se m'approprier, voilà j'étais à lui, qu'il pouvait prendre ce corps, il ne m'appartenait plus.

    Abasourdi et sans paroles, il me recouvrit d'une grande serviette de bain et partit au salon. J'écoutais ses pleurs  étouffés de sanglots, moi, je suis restée seule, livrée à moi-même. J'ai embrassé un coin du mur de ma chambre, j'ai resserré mes jambes sur moi et longtemps engourdie dans mes larmes. C'était fini de notre couple, notre vie à deux était devenue infernale. 
.
.
.
........