-V-
Tout silence a une fin...
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Toute lutte n'est jamais une perte,
Toute défaite n'est jamais un échec,
La nature résiste aux intempéries,
Et l'homme fuit ces épreuves...
L'espoir et l'amour sont la lumière de Dieu,
Dans l'immensité de son royaume,
Le Seigneur veille sur nous,
Et ses anges prient
Pour notre salut.
De toutes les bontés de la vie qui puissent nous arriver, c'est certainement la générosité naturelle que sont nos enfants. Ils nous parviennent pur, inné, vierge, par le souffle du divin. Ils sont un miracle, une bénédiction, une offrande du Seigneur. Un pur bonheur de les tenir dans nos bras, de humer cette odeur angélique, paradisiaque. A croquer à belles dents de baisers à cette chair douce, dodue. Tout en eux, suscite à la saveur de l'amour sans modération. Un mot léger, délicat, "m-a-m-a-n" entrecoupé de leur bouche, nous fait bondir aux cieux. Sitôt, le cordon ombilical coupé, que les écritures commencent à noircir un chemin de vie, chacun portera son livre... un jour. On ne remerciera jamais assez le Créateur de ce trésor.
J'ai longtemps attendu, au fil des jours qui coulaient de voir une lueur de remède percer mon ciel lugubre, mais les mois passaient et mon existence s'empirait dans un silence farouche. Je déclenchais une excessive susceptibilité à tout bout de champ. J'étais hantée par un sentiment de méfiance incessante, de soupçon persistant. J'étais affectée aux tourments lancinants, une continuelle crainte sans raison.
Je ne vivais plus, j'étais figé dans une clepsydre de goutte-à-goutte en pleurs. Le temps était mon pire ennemi, il défilait sans vergogne devant mes yeux pour marquer à jamais sa présence. Il me riait au nez à chaque passage. Je le scrutais avec mépris sans pouvoir l'arrêter, ne serait-ce qu'une escale sans lendemain. Il était le voleur austère, l'insaisissable, l'ironique moqueur, au regard froid sans coeur.
D'autres jours, le ruissellement de l'eau sur ma peau était devenu mon dégoût. Je la considérais comme une agression sur mon corps, se laver devenait un supplice. Je remplissais la baignoire d'eau en mélangeant des essences parfumées, mais je ne parvenais pas à m'y glisser dedans. L'eau me rappelait le sang qui avait coulé de mes entrailles. Des images se percutaient dans mon imagination, un croisement en choc défilait dans ma tête. A la source de vie que j'avais portée dans mon ventre pour quelques mois de bonheur. Je l'ai vue naître pourtant, mais sans vie, un laps de temps devant mes yeux suffoqués par des pleurs. Je l'ai vue partir sans la prendre dans mes bras, on m'a tué à forte dose de morphine. J'ai enterré sous les cendres mon ange, une pluie de terres avait bouché la respiration d'un être frêle que j'avais chéri en moi, et avait disparu soudainement, dans le chemin de l'oubli de ma vie.
Un autre soir, voulant m'aimer et faire revenir les sentiments entre nous, je n'étais pas encore prête. Il a abusé de moi, je l'ai laissé faire sans me débattre, avec le dégoût d'une femme que l'on violait son corps sans sa bénédiction. Je regardais faire comme si ce corps ne m'appartenait plus. J'étais dans une léthargie totale, mon corps était anesthésié contre toute atteinte. Les sentiments m'avaient déserté, la passion, le désir, l'amour devenaient immanquablement inconnus dans mon cerveau stérile, flagellée dans mon entité.
Sitôt fini, je me suis recroquevillée sur moi-même pour me protéger, mais rien, je sentais cette souillure en moi. Cette odeur de jouissance qui me donnait la nausée. Une sensation de répugnance, une frustration extrême de dégoût, dans un délire fiévreux d'abus. Je me suis sauvée dans la salle de bains, j'ai sombré dans de l'eau glacée, pour ne plus ressentir aucune sensibilité. Mon mari sauta du lit pour me faire sortir, il marmonna sa colère entre les dents, que je devenais folle. Il prit un peignoir de bain chaud, me retint dans ses bras pour me réchauffer, plus rien n'avait de sens. Dans ma fureur et ma rage je l'ai repoussé et j'ai jeté le peignoir sous mes pieds. J'étais nue, livide de froid et j'ai crié dans ma confusion totale, que s'il voulait encore se m'approprier, voilà j'étais à lui, qu'il pouvait prendre ce corps, il ne m'appartenait plus.
Abasourdi et sans paroles, il me recouvrit d'une grande serviette de bain et partit au salon. J'écoutais ses pleurs étouffés de sanglots, moi, je suis restée seule, livrée à moi-même. J'ai embrassé un coin du mur de ma chambre, j'ai resserré mes jambes sur moi et longtemps engourdie dans mes larmes. C'était fini de notre couple, notre vie à deux était devenue infernale.
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